(Source: Portail universitaire du droit)
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Universitaire du droit, we learned of a colloquium organized by the Centre
Toulousain d’histoire du droit et des idées politiques.
Après avoir interrogé la
réciprocité, les prochaines rencontres montalbanaises proposent d’étudier la
loi de solidarité. Lors des journées de l’été 2017, les théologiens ont rappelé
aux juristes combien la formule « Tout ce que vous voulez que les hommes
fassent pour vous, faites-le de même pour eux » emporte la mutua benevolentia
qui veut le bien de l’autre comme l’on souhaite le sien propre. Rechercher la
loi de solidarité, c’est aller plus loin vers un principe de juste partage –
établir la part de chacun – qui devient une nécessité de bien commun. Dans la
tradition judéo-chrétienne, la communauté d'origine donne le socle de la
solidarité, on y perçoit – à travers la profusion d’une riche diversité –
l'égalité première des hommes qui pouvaient fraterniser. Au XIXe siècle, la
doctrine sociale assemble la solidarité à la responsabilité de tous et pour
tous, ailleurs l’orthodoxie livre le terme de sobornost qui s’élargira. C’est
faire accorder liberté et unité, pour la communion : « Ils n’avaient qu’un cœur
et mettaient tout en commun ». En islam, on trouve une notion proche, avec une
solidarité entre fidèles qui les rend frères. Toutefois la solidarité
matérielle et spirituelle peut apparaître plus vaste, elle est magnifiée dans
l’hexameron. Et l’on saisit cette solidarité étendue, illustrée par le Cantico
di frate sol qui entraîne vers le respect des lois de la création. Jaillissent
ici les relations entre l’humanité et « les autres créatures ». Les juristes
montrent pareillement ce double mouvement des liens juridiques lorsqu’ils
définissent la solidarité comme « l’union des personnes par une obligation »,
et parfois comme « un rapport d’interdépendance entre les choses ». La
solidarité apparaît ainsi relationnelle jusqu’à devenir amicale. À la suite
d’Aristote que reprend le droit romain dans l’amitié civique, puis la doctrine
médiévale, on y voit l’amicus amico amicus. Mais là peuvent surgir des crises
qui perturbent les relations jusqu’à les abîmer tant la confiance est atteinte,
et diriger vers le bellum omnium contra omnes, ou le « chacun contre tous » et
le « tous contre chacun ». Liées aux désordres particularistes, ces ruptures
doivent alerter, car elles déforment la solidarité – surtout en temps d’insécurité
– jusqu’à en faire récemment un délit, ou parfois engager vers des réflexes de
complaisance qu’entraînent les fausses ressemblances. Heureusement, les
embarras des temps peuvent toujours redevenir lieux d’harmonie qui « rendent au
droit sa fonction de rectifier les faits ». C’est exhorter aux devoirs envers
les autres, dans une solidarité reliée à la subsidiarité que théologiens et
juristes tentent de fonder sur le principe de fraternité, contre les tendances
parfois individualistes ou trop impersonnelles des normes. Face aux définitions
de la solidarité et à leurs dégradations, s’ouvrent des interrogations pour en
comprendre les fondements à situer entre générosité ou obligation, les moyens,
les finalités et les limites, appliqués à la variété des échanges, avec une
question qui revient sans cesse : peut-on être solidaire de tout, ou simplement
de tous ? Y a-t-il des solidarités impossibles, selon la fin posée ? Sur ces
aspects marqués par un passé souvent troublé, ce colloque réunira des dignitaires
religieux et des universitaires pour toujours conserver un dialogue.
Christine Mengès-Le Pape, Professeur à l’Université
Toulouse 1 Capitole, CTHDIP
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