WHAT Orare aut laborare ? Fêtes de précepte et jours chômés du moyen âge au début du XXe siècle, Colloquium
WHEN May 29, 2015 - October 16, 2015
WHERE Université Saint-Louis, salle du conseil (4e étage),43 Bd du Jardin Botanique, Bruxelles/ Université Lumières Lyon 2, Lyon
all information here
Selon Alphonse Dupront, le temps et l’espace sont les deux catégories essentielles pour aborder les questions religieuses. Si nous avons désormais de nombreuses réflexions sur la géographie sacrée, voire le paysage sacré, le rapport au temps est peu étudié malgré quelques travaux récents.
Dès les premiers siècles, les chrétiens instaurèrent des fêtes en l’honneur du Christ, de la Vierge, des apôtres ou encore des saints. De nombreux conciles généraux ou provinciaux mirent en avant certaines d’entre elles, les imposèrent aux fidèles. Rapidement, leur nombre s’accrut. À côté des fêtes majeures célébrées par toute la chrétienté, des spécificités se firent jour qui privilégièrent notamment des saints régionaux. Les évêques jouèrent un rôle essentiel en imposant des calendriers à l’échelle de leur diocèse. Les fêtes d’obligation, le temps sacré, rythmaient ainsi la vie des fidèles sous l’Ancien Régime. Au nombre d’une trentaine ou d’une quarantaine par an dans la plupart des diocèses, elles ne constituaient pas seulement une réalité religieuse, mais aussi sociale, économique et humaine.
La terminologie et la typologie suscitent d’abord la réflexion. Fêtes de précepte, fêtes d’obligation, fêtes chômées, fêtes majeures, fêtes mineures, demi-fêtes, fêtes à garder, fêtes à dévotion etc. peuvent désigner des pratiques identiques, mais aussi des usages fort variables : obligation d’entendre la messe, interdiction de travailler la journée ou une partie de celle-ci, jeûne, etc.
L’évolution de ces fêtes constitue une autre réalité fondamentale. Quand les calendriers diocésains ont-ils été établis et se sont-ils stabilisés ? Peut-on remarquer l’ajout de nouvelles fêtes au fil du temps ? Mais aussi – et surtout – se pose la question des réductions de ces fêtes. A quelle époque intervinrent-elles ? Certaines régions figurent-elles à l’avant-garde ou d’autres demeurèrent-elles plus attachées aux traditions ?
Ceci amène à s’interroger à propos des raisons de ces réductions. Les critiques furent nombreuses et reposent sur des arguments variés : entrave au travail, perte de revenus pour l’Etat, désordre, immoralité qu’entraînent les jours chômés, etc. Il faut examiner également l’origine des critiques et des réformes menées dès le moyen âge, mais surtout à l’époque moderne et singulièrement au XVIIIe siècle : fidèles, philosophes, économistes, autorités civiles, autorités ecclésiastiques ? Souvent la réponse est complexe et résulte d’une conjonction de motivations et d’intervenants. En lien, se fait jour la question de la portée des mesures prises (diocèses, états, catholicité ?) et du poids des frontières ecclésiastiques, mais aussi politiques.
La période révolutionnaire va balayer ce calendrier et instaurer de nouveaux repères festifs. Le début du XIXe siècle va marquer à la fois un renouveau et un tournant radical pour ces fêtes. Calendriers ecclésiastique et civil sont maintenant bien séparés. Mais ce dernier intégrera nombre d’anciennes fêtes religieuses, sans – il va sans dire – que plus aucune obligation cultuelle ni sens sacré n’y soient associés. Mais que choisit-on de conserver et, à l’inverse, d’éliminer, dans une perspective cette fois de «jours de congé ». Quels furent les arbitrages ? Se pose également la question de l’évolution de ces fêtes et de leur perception au regard du contexte de 1905 et des lois françaises de séparation entre l’Église et l’État.
Acteurs multiples, mais aussi ressentis multiples, tant au regard des fêtes et des obligations qu’elles sous-tendent que des réformes. On pense en premier lieu aux fidèles et plus largement aux individus. Quelles furent ensuite les attitudes du clergé paroissial, des autorités ecclésiastiques, mais aussi du Saint-Siège ? Les milieux jansénistes adoptèrent-ils des positions spécifiques ? On rejoint ainsi la question du respect et du contrôle des obligations liées à ces fêtes religieuses, qui traduit un état d’esprit révélateur des conceptions par rapport aux devoirs du chrétien et à la dévotion, mais également par rapport aux règles sociétales.
Qu’il s’agisse des origines, de la situation médiévale et du début des temps modernes, de l’époque phare de la réduction des fêtes au XVIIIe siècle ou encore de leur destin jusqu’aux premières années du XXe siècle, les fêtes seront abordées en tant que réalité pour les fidèles. Cela inclut, bien entendu, les influences exercées par les autorités civiles et le clergé séculier, mais aussi régulier dans la mesure où celui-ci intervint dans les pratiques du « peuple de Dieu ».
En s’ouvrant largement à l’espace catholique européen, ce colloque vise à mettre en évidence les différences régionales et à insister sur les grandes pulsations qui caractérisent près de quinze siècles d’histoire religieuse.
Program
29 mai 2015. Université Saint-Louis – Bruxelles
9 h - Introduction
9 h 15 - Bruno Dumézil (Université Paris Ouest Nanterre La Défense) : L'instauration du dimanche comme jour chômé. Etude comparative dans l’espace européen
9 h 40 - Charles Mériaux (Lille 3) : Jours chômés et fêtes dans le monde franc (VIe – XIe siècles)
10 h 05 - Discussion
10 h 35 - Catherine Vincent (Université Paris Ouest Nanterre La Défense) : Fixer, respecter et critiquer les fêtes de précepte au Moyen Âge: enjeux doctrinaux, pastoraux et sociaux
11 h 00 - Alain Cabantous (Université Paris 1 Panthéon Sorbonne) : Un calendrier à l’épreuve. Dimanches et jours de fête en Angleterre (fin XVIe – début XIXe siècle)
11 h 30 - Discussion
13 h 45 - Philippe Martin (Université Lumières Lyon 2) : Assister à la messe : obligation ou geste de piété ?
14 h 10 - Philippe Moulis (Université Paris 13) : Prélats jansénistes et calendriers diocésains dans la France septentrionale
14 h 35 - Discussion
15 h 05 - Gaël Rideau (Université d’Orléans) : La fête processionnelle en France au XVIIIème siècle entre dévotion et police
15 h 30 - Philippe Desmette (Université Saint-Louis Bruxelles) : Les fêtes de précepte : un enjeu entre épiscopat et pouvoir civil dans les Pays-Bas et la principauté de Liège du XVe au XVIIIe siècle.
15 h 55 - Discussion
16 h 20 - Silvia Mostaccio (Université catholique de Louvain) : Conclusions
Informations pratiques
29 mai 2015 - Bruxelles
Université Saint-Louis - Bruxelles
salle du conseil (4e étage)
43 Bd du Jardin Botanique
1000 Bruxelles (Belgique)
16 octobre 2015 - Lyon
Université Lyon 2 Lumière
Les programme et local seront communiqués ultérieurement
Comité organisateur
Philippe Desmette (Université Saint-Louis - Bruxelles) - philippe.desmette(at)usaintlouis.be
Philippe Martin (Université Lyon 2) - philippe.martin(at)univ-lyon2.fr
Comité scientifique
Catherine Vincent (Paris Ouest Nanterre La Défense)
Paola Vismara (Università degli studi di Milano)
Christian Sorrel (Lyon 2)
Philippe Martin (Lyon 2)
Silvia Mostaccio (Université catholique de Louvain)
Philippe Desmette (Saint-Louis Bruxelles)
No comments:
Post a Comment