(Source: Hi-D)
Via Hi-D, we learned of a seminar series
on “la neutralité des juristes” during the academic year 2018-2019.
Séminaire organisé par Fatiha Cherfouh (Université Paris-Descartes),
Guillaume Richard (Université Paris-Descartes), Lionel Zevounou (Université
Paris-Nanterre)
Présentation et Programme des 5 séances entre le 27 septembre
2018 et le 16 mai 2019.
Lorsqu’elle parle de dogmatique, la théorie analytique du droit développée
en France renvoie à un discours dont la caractéristique est de ne pas
distinguer les points de vue descriptifs et normatifs. De nombreux travaux ont,
dans ce sillage, cherché à montrer que la doctrine contemporaine était, à bien
des égards, un discours de pouvoir, voire un discours au service du pouvoir. Le
séminaire entend discuter une hypothèse différente. Il cherchera à comprendre
de quelle manière le style doctrinal contemporain s’est institué dès la fin du
XIXe siècle, non pas en se fondant sur un quelconque critère
théorique d’identification du discours dogmatique, mais en se pensant toujours
lui-même comme un savoir, sans nécessairement avoir besoin de recourir à la
distinction entre « dogmatique » et « science du droit », ni entre science du
droit et droit. La théorie analytique du droit ne peut prétendre détenir le
monopole de la représentation de la science du droit et il conviendra de
dresser le panorama des différentes manières de se représenter une telle
« science du droit », telle qu’elle est invoquée dans le discours juridique contemporain
depuis le xixe siècle. Au-delà de cette question, il faut
penser l’élaboration et la définition des frontières proposées par les juristes
pour leur science.
Plusieurs travaux de philosophie et sociologie des sciences ont souligné
l’évolution du concept de « science » à travers les siècles et les contextes.
Parmi d’autres, les travaux de Merton, Gieryn ou d’autres ont démontré le
caractère mouvant des frontières entre science et non-science. Les perspectives
ouvertes par Michel Foucault ont également souligné combien la science se
détachait et s’autonomisait à partir d’un substrat plus large, en fixant des
critères d’inclusion et d’exclusion qui déterminent le discours scientifique
admissible et la définition de la « science » dans un contexte donné. Les
conceptions développées par Bruno Latour ont également orienté le regard sur
les procédures suivies par les scientifiques et qui construisent la légitimité
scientifique de telle ou telle pratique ou au contraire l’excluent du champ
scientifique. Il ne faut pas, méthodologiquement, concevoir la science comme un
savoir homogène reposant sur un critère sublimé (falsification, correspondance
empirique, etc.) faisant la part entre le monde de la science et celui de la
non-science, mais s’attacher au contraire à analyser les conditions de fixation
de ces critères à un moment donné, à partir des pratiques mêmes des
scientifiques ou de ceux qui se revendiquent comme tels.
Cette perspective permet de relier la manière dont les juristes ont
ressenti le besoin de définir leur discipline selon un certain « modèle » de
science, qui a influencé la manière de faire la doctrine. Le point de départ
sera une analyse de la notion de neutralité du discours juridique, souvent mise
en avant dans le discours juridique contemporain, soit pour considérer que la
dogmatique juridique se doit de développer un discours distinct du discours
politique et appuyé sur des considérations rationnelles ou scientifiques, soit
pour reprocher à cette même dogmatique juridique de s’abriter derrière le
paravent de la neutralité pour développer un discours éminemment politique.
Pourtant, le regard rétrospectif sur la première moitié du xxe siècle
montre que l’application de cette catégorie n’y est alors pas aussi simple. Le
séminaire se proposera donc de revenir sur l’apparition de cette notion
lorsqu’elle est appliquée au discours des juristes, à partir d’une discussion
de ce concept largement tributaire dans son emploi des écrits de Max Weber. Le
séminaire s’attachera ensuite à plusieurs études de cas portant sur la période
contemporaine, afin de tester la pertinence d’appliquer les catégories de
classement utilisées par l’épistémologie juridique contemporaine (positivisme,
jusnaturalisme, discours prescriptif, etc.) à des périodes plus anciennes,
antérieures aux années 1950, et d’analyser la définition de la science
juridique et de son autonomie construite par le discours juridique.
Le séminaire, divisé en 5 séances réunira juristes ou historiens du droit,
philosophes, sociologues.
Le séminaire se déroule sur deux sites universitaires : l’Université
Paris Nanterre (RER A, Nanterre-Université) et la Faculté de droit de
l’Université Paris Descartes (Métro ligne 13, Porte de Vanves ou
Malakoff-Plateau de Vanves). À l’Université Paris Nanterre, les manifestations
se dérouleront dans la salle 352 du bâtiment Simone Veil, 200, avenue de la
République, 92000 Nanterre. L’entrée
est libre sous réserve des places disponibles.
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