(Image source: CARo)Les actes émis au nom des rois qui ont régné sur une partie de l'actuelle France, de Pépin le Bref à Philippe Auguste, sont l'objet depuis plus d'un siècle d'une considérable entreprise d'édition, réalisée sous la direction de l'Académie des inscriptions et belles-lettres. Cependant, les milliers de documents ainsi édités sont restés jusqu'à présent inaccessibles sous forme numérique. Le projet Corpus des actes royaux de la France médiévale (CARo) entend remédier à cette lacune, en vue d'offrir un accès renouvelé à cet ensemble fondamental pour l'histoire médiévale.
Grâce au soutien des différents partenaires du projet, la totalité des éditions pour les rois de l'actuelle France, dans la collection des Chartes et diplômes relatifs à l'histoire de France, a pu être saisie entre 2019 et 2024, soit près de 3 600 documents correspondant à plus de 8 500 pages et environ 3 500 000 signes. Elle couvre la période allant du règne de Charles le Chauve à Philippe Auguste, sans oublier les rois carolingiens d'Aquitaine et de Provence. Cette collection brille aussi qualitativement, puisque les éditeurs des volumes furent de grands diplomatistes : d'Arthur Giry à Jean Dufour, en passant par Maurice Prou, Léon Levillain, Georges Tessier ou encore Robert-Henri Bautier, pour n'en citer que quelques-uns.
Cette numérisation répond à un besoin important de la recherche, puisqu'en dépit de la qualité des éditions réalisées dans cette collection, le corpus royal français restait non seulement peu accessible, mais aussi difficilement maniable et en partie inédit. Les formats retenus et la formalisation en cours vont en effet permettre de traiter l'ensemble de différentes façons : philologie numérique, textométrie et intelligence artificielle, cartographie digitale (SIG), catégorisation semi-automatique (en particulier pour la génération de métadonnées, la création d'un modèle d'actes royaux qui pourra être appliqué à d'autres corpus afin de les repérer/détecter), modélisation de réseaux prosopographiques, etc. L'intérêt numérique du corpus ne s'arrête toutefois pas là : en numérisant un ensemble fondamental pour l'histoire française, l'opération scientifique propose aussi une réflexion sur l'historiographie et l'activité érudite, envisagée au prisme de l'outil numérique.
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