WHAT Colloque en commémoration du bicentenaire de la mort de Pierre-Samuel Dupont de Nemours, Colloquium
WHEN December 14-15, 2017
WHERE Salle des Conseils – Université Paris II
Panthéon-Assas (12 place du Panthéon, Paris 5e)
deadline March 30, 2017
Pierre-Samuel Dupont de Nemours (1739-1817) appartient à cette
galerie de personnages qui présentent la particularité d’avoir été des acteurs
de la France d’avant 1789 et de celle d’après 1789. Connu pour son appartenance
à la « secte des économistes », il apparaît comme l’un des principaux
propagandistes de la doctrine économique des physiocrates, qui a contribué à
jeter les fondements du libéralisme. Or, si la pensée et les propositions du physiocrate
économiste ont majoritairement attiré le regard des chercheurs comme le
prouvent les nombreux travaux en la matière, d’autres facettes de Dupont de
Nemours restent encore à explorer et à mettre à perspective. C’est notamment le
cas des idées qu’il a défendues et des actions qu’il a menées dans le domaine
politique.
Comme chacun de ses comparses qui a vécu ces deux moments –
avant 89, après 89 –, la trajectoire de Dupont de Nemours est marquée par des permanences
et des variations dans certains de ses engagements et positions politiques qui
se reflètent notamment dans ses écrits à la fois nombreux et protéiformes (ouvrages,
articles, rapports, mémoires, correspondance…). Plutôt que de céder à l’hypothèse
facile de l’opportunisme, il apparaît plus prudent d’identifier les
repositionnements du personnage en fonction des fluctuations de la conjoncture
politique, extrêmement mobile dès les années 1780. Quoi qu’il en soit, il ne
fait nul doute que les idées et les actions politiques imprègnent la vie – parfois
romanesque (romancée ?) – de Dupont de Nemours. Un rappel de quelques
étapes importantes de cette vie suffit pour s’en convaincre.
À la fin des années 1760 et au cours de la décennie suivante,
en physiocrate assumé, Dupont de Nemours se fait le chantre d’une monarchie
régénérée qui reposerait sur les préceptes du despotisme légal. Un tel
positionnement idéologique le conduit alors à vanter les mérites, sur le plan
de l’organisation administrative, d’un système de municipalités autonomes alors
qu’il est devenu le bras droit du contrôleur général Turgot. Sa volonté de
réformer les institutions attire la curiosité des princes éclairés (le roi de
Suède Gustave III, le margrave de Bade Charles-Frédéric et le roi de Pologne
Stanislas Poniatowski) auprès desquels il est appelé à exercer ses talents. En
1783, il est associé par Vergennes à la confection du traité qui reconnaît les
treize colonies libres, indépendantes et souveraines, formant les États-Unis,
ce qui lui vaut d’être anobli par Louis XVI l’année suivante. En 1786, il
contribue également à la préparation du traité de commerce avec l’Angleterre. En
1787, année durant laquelle il fait la connaissance de Thomas Jefferson avec
qui il entretiendra une importante correspondance, Dupont de Nemours conseille
et guide le ministre Calonne dans son projet de création d’assemblées
provinciales, ce qui ne l’empêche pas de promouvoir quelques mois plus tard, dans
un contexte politique et intellectuel nouveau, une monarchie tempérée dans
laquelle la nation est appelée à occuper une place stratégique. Membre depuis
la fin de l’année 1788 de l’influente Société des Trente, il participe
activement à la rédaction des doléances du tiers état du bailliage de Nemours,
dont il sera l’un des représentants aux États généraux. Le basculement
révolutionnaire lui permet de devenir député de l’Assemblée nationale
constituante et de se montrer très actif au cours de son mandat, tout en
manifestant une entière fidélité à Louis XVI et un soutien assumé à la monarchie
constitutionnelle, jusqu’à sa disparition en 1792. Après la parenthèse de la
Terreur et quelques jours d’emprisonnement, il est élu député du Loiret au
Conseil des Anciens où il prend une part importante à tous ses travaux et se
distingue surtout par ses critiques à l’encontre du Directoire. Après le coup
d’État du 18 fructidor, il est de nouveau emprisonné quelque temps à cause de
ses sympathies royalistes et échappe de peu à la déportation. À la fin de
l’année 1799, il décide de s’exiler aux États-Unis. Dès l’année suivante,
Jefferson, qui est devenu vice-président, lui demande de rédiger un plan
d’éducation publique pour les États-Unis. En 1802, de retour en France, il joue
un rôle officieux et déterminant dans les relations diplomatiques franco-américaines,
à propos de la cession de la Louisiane. Opposé à la politique de l’empereur, il
se consacre alors à ses travaux scientifiques, tout en s’intéressant toujours
de très près à la politique américaine. Après avoir été secrétaire puis vice-président
de la Chambre de commerce de Paris entre 1803 et 1810, il est nommé secrétaire
du gouvernement provisoire en 1814 puis rentre au Conseil d’État sous la
première Restauration. Or, l’épisode des Cent-Jours le contraint à repartir aux
États-Unis où, à peine arrivé, il propose ses services au président Madison. Il
décède en 1817 à Wilmington (Delaware), dans la propriété familiale fondée par
son fils Éleuthère Irénée.
Appréhender la pensée et l’action politiques de Dupont de
Nemours à travers ces multiples facettes (journaliste, conseiller des princes,
des ministres, des présidents, négociateur, diplomate, député…) soulève une
multitude de questions que cette manifestation se propose d’aborder, et qui
visent à la fois à éclairer un aspect méconnu du personnage et approfondir
certaines de ses idées ou entreprises.
Les propositions devront de préférence porter, d’une part,
sur la période postérieure au décès de François Quesnay et à la dispersion de
la « secte physiocratique », soit du ministère Turgot à l’exil
américain ; et, d’autre part, sur les questions d’ordre politique, constitutionnelles,
diplomatiques, administratives, historiques… Les organisateurs souhaitent que celles-ci
soient abordées, dans la mesure du possible, non seulement sous un angle comparatiste,
avec pour cadre les États européens ou les États-Unis, mais aussi sous un angle interdisciplinaire,
afin de confronter la vision des historiens du droit, des politistes, des
historiens des lettres, des juristes, des sociologues, etc.
Parmi les thèmes rarement traités en profondeur, voici
quelques pistes, sans exhaustivité aucune :
-
Dupont, penseur et acteur du droit public : droits de
l’homme, nature du régime politique idéal, droit constitutionnel (organisation
des pouvoirs, souveraineté, hiérarchie des normes, processus de création de la
loi…), administration
territoriale et locale, fiscalité et finances publiques…
-
Dupont et le monde atlantique : la révolution américaine, les institutions
américaines et la vie politique ; la question coloniale…
-
Dupont diplomate et penseur des relations internationales :
le traité de Versailles de 1783, le traité franco-britannique de 1786, le Pacte
de Famille, la cession de la Louisiane…
-
Entre
vie privée et vie publique : si le « sentimentalisme » de
Dupont a déjà été relevé, il pourrait être prolongé par l'étude de ses idées
sur les liens entre la vie familiale, la sensibilité et la production des
idées, et éclairé par sa manière de vivre lui-même une forme de porosité entre
l'homme public et l'homme privé.
-
Dupont et le patriotisme, Dupont et la religion, Dupont historien…
Contact :
Les propositions de communication doivent être déposées de
préférence sur le site : https://dupont2017.sciencesconf.org ou envoyées par mail aux
organisateurs : anthony.mergey@u-paris2.fr ; askornicki@u-paris10.fr, avant le 30 mars 2017.
Merci de joindre une présentation succincte de la communication
envisagée avec indication des sources (2500 signes maximum espaces compris)
avec son titre et un court curriculum vitae.
Comité
d’organisation :
Anthony Mergey,
professeur d’histoire du droit, Université Paris II Panthéon-Assas – Institut
d’Histoire du Droit (UMR 7184)
Arnault Skornicki,
maître de conférences en science politique, Université Paris Ouest Nanterre –
Institut des Sciences sociales du Politique (UMR 7220)
Comité scientifique international :
-
Manuela
Albertone, professeur d’histoire
moderne, Université de Turin
-
Eric
Gojosso, professeur d’histoire du
droit, Université de Poitiers
-
Christophe
Le Digol, maître de conférences en
science politique, Université Paris Ouest Nanterre
-
Anthony
Mergey, professeur d’histoire du
droit, Université Paris II Panthéon-Assas
-
Laurent
Reverso, professeur d’histoire du
droit, Université de Toulon
-
Arnault
Skornicki, maître de conférences
en science politique, Université Paris Ouest Nanterre
-
Liana
Vardi, professeur d’histoire moderne,
Université de Buffalo
-
Anne
Verjus, directrice de recherche au
CNRS, ENS de Lyon
-
Richard
Whatmore, professeur d’histoire
moderne, Université de St Andrews
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