Nomôdos signals a call for an upcoming conference on the French legal periodical "Gazette des Tribunaux". In view of the recent comparative research on legal periodicals, this event could be of interest to ESCLH members.
Colloque sous la direction de Sylvain Ledda et Sophie Vanden
Abeele-Marchal, Université de Rouen/Université de Paris-Sorbonne, 11- 12
février 2015
Présentation
«
La Gazette des tribunaux publie des romans autrement faits que
ceux de Walter Scott, qui se dénouent terriblement, avec du vrai sang et
non avec de l’encre», écrit Balzac dans
Modeste Mignon. Fondée en 1825,
La Gazette des tribunaux, dont le sous-titre est «
journal de la jurisprudence et des débats judiciaires»,
est le premier journal spécialisé dans le domaine de la justice. Organe
de la magistrature, il est promis à devenir aux débats des chambres de
justice ce que le
Moniteur est à ceux des chambres des représentants. Selon la formule du
Prospectus qui revendique l’«élargissement de la publicité», les fondateurs de la
Gazette
en appellent à une conception postrévolutionnaire de la justice: à
l’arbitraire des procédures secrètes, il s’agit de substituer le
dévoilement démocratique de la justice et l’exposition médiatique – «une
exposition en effigie à quinze mille exemplaires répandus dans toute la
France et à l’étranger», selon l’expression ironique d’Alphonse Karr en
1847
[1]. Alors que le
tribunal est devenu une scène majeure de la vie publique, cette ambition
rencontre et attise la curiosité croissante du «grand public» pour le
crime et ses mystères. La fascination pour le fait divers va contribuer
en effet à l’immense succès d’un périodique dont on mesure aujourd’hui
l’influence sur la création littéraire.
La Gazette devient le véritable répertoire de l’histoire
criminelle des temps: la critique a ainsi relevé de nombreux faits de
genèse, de Stendhal à Maupassant, en passant par Dumas et Flaubert. Elle
se constitue même et surtout en archétype du journal criminel: les
rédacteurs participent à la construction d’un imaginaire du crime auquel
ils empruntent autant qu’il fournissent des images et des structures
narratives. Dès lors, la
Gazette renouvelle profondément les
formes traditionnelles de médiatisation de la justice et, plus
précisément, de la littérature judiciaire héritée du siècle précédent.
Aussi Michelle Perrot note-t-elle que la
Gazette est «un fonds
inépuisable où les romanciers et chroniqueurs n’ont cessé de
s’alimenter: le tableau de mœurs y est médiatisé par une mise en scène
qui en fait véritablement un genre littéraire»
[2].
Ce journal représente «la référence absolue de l’imaginaire fictionnel
criminel». Au croisement des différents types de discours sur le mystère
social, il interroge l’expression normative de la Loi et le débat,
contradictoire, sur sa transgression.
Le colloque proposera une approche pluridisciplinaire de La Gazette des Tribunaux.
Tout en cherchant à en cerner les acteurs et la forme dans une
perspective historique et juridique, il s’agira en particulier de
réfléchir au modèle de culture criminelle qu’elle institue. On étudiera
les processus de «fictionnalisation» qui se font jour dans les
différents types d’articles de la Gazette.
Les axes suivants pourront être abordés:
- Le droit et la loi selon la Gazette;
- Les auteurs de la Gazette;
- La Gazette et la poétique des genres (traitement du fait divers, formes du récit, dialogues, théâtre, poétique de la prose juridique);
- Culture du crime et imaginaire criminel (discours normatifs et
transgressifs, faits de genèse; descriptions urbaines, typologie
criminelle, littérature panoramique, théâtralisation du procès).
Comité scientifique:
- Frédéric Audren (CNRS/Ecole de droit, IEP Paris).
- Mathieu Debatisse (TGI Bobigny).
- Anne-Emmanuelle Demartini (Paris VII).
- Yvan Leclerc (Rouen).
- Michel Lichtlé (Paris-Sorbonne).
- Florence Naugrette (Paris-Sorbonne).
- Nathalie Preiss (Reims).
- Eléonore Reverzy (Strasbourg).
- Marie-Eve Thérenty (Montpellier).
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